Au début de mon voyage en Mongolie, j’ai été accueillie par une famille tsaatan, des éleveurs de rennes dans le nord du pays.
Ils vivent dans un tipi.
Les premiers jours, je ne sortit pas beaucoup, il faisait froid et il pleuvait souvent. Dans la famille, ils y avaient quatre enfants. Sara, l’ainée avait 12 ans, Tomo avait 7ans, Tomche 5 ans et Todla 3 ans. Quand je partais en balade, j’étais toujours suivie par les deux petits qui me ralentissaient vite.
Le troisième jour, une éclaircie, je sort.
Je m’échappe, appareil photo en poche, explorer seule les steppes, et pars en direction de la colline derrière la rivière. Alors que je commence à m’éloigner du tipi, j’entends quelque chose derrière moi. Chose étrange parce que dans les steppes il n’y a pas grand monde. Je me retourne, je vois Tomo, petit bonhomme gringalet qui me rattrape, satisfait et essoufflé du haut des ces 7 ans. Je souris, contente de cette compagnie offerte… et ravie qu’il est semé ses deux petits frères!
Et hop! Direction tout droit. D’abord, il faut traverser la rivière mais, nous ne trouvons pas de passage. Alors, on enlève nos chaussures pour traverser. L’eau était gelée. Et c’est à ce moment que j’ai découvert ce qu’il y a dans les bottes des mongols! Ils n’utilisent pas des chaussettes, mais un tissu rectangulaire épais et chaud qu’ils plient autours du pied en trois quatre mouvements. Ils engouffrent ensuite leurs pieds ainsi parés dans leur fameuses bottes de cuir.
Ensuite on a commencé à escalader la colline à travers les buissons qui m’arrivent aux genoux.
Tomo est très essoufflé. Je ne m’étais pas rendue compte que la végétation lui arrivait au buste et qu’il lui fallait courir presque. Il me dit “STOP!” puis “Tchouk-tchouk” “touchk-tchouk” en faisant le geste du battements de cœur sur son buste. Il me fait signe de mettre ma main sur sa poitrine pour écouter son cœur. Et là, j’ai senti son cœur qui frappait si fort et si vite dans son tout petit corps. Ça m’a ému. J’ai eu l’impression que c’était le cœur des steppes que j’entendais battre dans ma main. Puis il a aussi écouté mon cœur “tchouk-tchouk” tchouk-tchouk”.
Ensuite on a continué de marcher. Il a commencé à cueillir des champignons, il y en avait partout, tous différents. On ramassait tous ceux qu’on voyait, on les a mis dans nos poches, dans notre pulls retournés, devant et derrière et même dans ma sac d’appareil photo. J’en avais assez de manger des pâtes à la viandes bouillie et je me suis dit “super ce soir on mange des champignons frais”. Il y en avait tellement. J’étais ravie. J’étais en confiance parce que je savais qu’il connaissait la nature autours de lui. Même si je trouvait bizarre que l’on ramasse tout les champignons sans exceptions. Il m’avait déjà expliqué quelles baies je pouvais manger et celles qui étaient dangereuses. Une fois que l’on ne pouvait plus porter un champignon supplémentaire, Tomo s’est assis au sol et a renversé tous les champignons par terre et on a pris des photos de chaque d’eux… j’ai pas tout de suite compris.
Il les a pris tranquillement un part un et les a découpés en petits morceaux… je l’ai donc accompagné dans son jeu, comprenant que mon repas gastronomique s’envolait en fumé.