Voyage à bord du transsibérien entre Moscou et Irkoutsk.
– Russie –
Juillet 2016
Quand je suis rentrée dans le transsibérien j’ai pensé : “ ça va être long 4 jours, c’est tout petit ici”. Et au final pas du tout. Le voyage s’est déroulé comme un rêve, le temps n’avait plus de sens et l’espace non plus. Je serais bien restée dans le train jusqu’à Vladivostok avec mes comparses de voyage trois jours de plus.
Etrangement, il y a toujours de la place, il y a comme une danse des voyageurs sur les couchettes. A un moment de la journée tout le monde est bien rangé chacun dans son lit, à un autre moment tout le monde est assis sur les couchettes en bas pour partager à manger ou une discussion, les couchettes du hauts restent vides. Des fois certains discutent assis à côté de ceux qui dorment. Parfois un voyageur ronfle, parfois un enfant pleure, certains parlent aux téléphonne, d’autres rient…
Dans le couloir des gens passent et repassent avec leurs verres et leurs gobelet rempli d’eau bouillante prise au samovar. Certain vont se doucher dans les toilette, serviette sur l’épaule et brosse à dent à la main. Dans les toilette, il y a juste un cabinet, un robinet, un miroir et un trou au sol qui donne vers l’extérieur pour évacuer l’eau.
Dans le wagon, il y a seulement quatre prises de courant 220V. Les plus patients ou les plus accros restent debout à côté de leurs téléphone des heures pour voir leurs nombres de barre augmenter
Les nuits sont courtes et les journées aussi, le train roule vers l’est, on remonte le temps. Je dors beaucoup, le matin, l’après-midi, la nuit, on mange tout le temps de 12h-21h. Je ne sais plus trop quelle heure il est. Dans les gares c’est l’heure de Moscou qui est affichée, sur ma tablette c’est celle de Paris et sur mon téléphone l’heure locale. Je ne sais pas trop dans quel espace temps je me trouve. Je dors profondément. Le train semble vouloir me bercer, me fatiguer m’épuiser et je m’assoupi d’un sommeil de plomb comme après une grosse journée. Alors qu’en réalité la journée je l’ai passé à regarder par la fenêtre, à écouter et regarder les autres voyageurs parler sans les comprendre ou à essayer d’écouter un livre audio sans m’assoupir.
La journée passe, il ne se passe rien et c’est une belle journée.
Par la fenêtre les arbres blancs et verts défilent. J’imagine la même scène l’hiver sous la neige, dans le froid. C’est bon de voyager deux fois, une fois en vrai et une fois dans son imagière.
Le train s’arrête dans des gares, plus ou moins longtemps. A ce moment, tout vêtu de pyjamas et de survêtements les habitants du transsibérien descendent sur le quais vides et marchent dans un sens, dans l’autre, court après un enfants. Comme un ballet de zombis chacun à son rythme, chacun retrouve son corps qui se déplace et avance. On prends de l’espace, on marche, un wagon, deux wagons, trois… mais pas trop loin non plus.
C’est aussi le moment de se ravitailler. Des kiosques remplis de nourritures lyophilisés, de jouets et de boisson attirent les voyageurs qui choisissent leurs prochain repas à partager. Des framboises des concombres, des pommes de pins, des pâtes chinoises, des jus de fruits, des glaces… Il y a même des femmes qui vendent de l’alcool. La vodka et la bière sont interdites dans le train. Des policiers régulièrement passent dans les wagon voir si personnes déroge à la règle, parfois ca passe, parfois non…